Mode responsable, mode éthique, Collection 40

S'habiller durable à moindre coût, c'est possible ?

En général, quand on vous parle de mode durable, la première image qui vous vient en tête c’est une robe longue, droite, en lin ou en chanvre (« mais c’est produit en France, han »), de couleur beige (terne le beige hein), sans manches, avec un col V. Ne faites pas non de la tête, on sait que c’est vrai. Et en sus, vous vous dites intérieurement « c’est moche et ça coûte un bras ! ».

Comme on est sympa chez Collection 40, on va vous expliquer rapidement ce qu’est la mode durable, pourquoi c’est cool, et vous donner quelques tips et marques sympas à suivre pour mieux consommer à moindre coût (oui, parce qu’on ne va pas se promener tout(e) nue, même si définitivement ce serait mieux pour la planète).

La mode durable, c’est quoi ?

Il n’y a pas de définition académique de ce qu’est la mode durable mais on pourrait la résumer par l’ensemble des marques et dispositifs qui produisent des articles qui vont « durer » dans le temps (ça y est, vous l’avez ?), et qui utilisent des matières « nobles » et/ou non toxiques pour soi ou l’environnement (comprendre : non transformées ou issues de l’industrie pétrochimique), dans des conditions de travail décentes et sans faire mal à la planète. Pour vous aider à comprendre : votre top Shein en polyester, il a beau être très joli, il y a fort à parier qu’au bout du 30ème lavage, il ressemble plus à une serpillère qu’à un crop top de soirée (idéal pour sortir les poubelles). Et en plus, sa conception a clairement énormément pollué l’écosystème alentour. On retrouve aussi ce concept sous les dénominations suivantes « mode responsable » ou « mode circulaire » par exemple. Pour résumer : la mode durable a pour modèle de produire en limitant au maximum son impact sur l’environnement et en prélevant le strict nécessaire pour sa création. Ni plus, ni moins.

Pour vous guider, certaines certifications peuvent vous aider. La plus connue est Oeko Tex, première certification à prendre en compte les dangers des produits chimiques pour la santé présents dans le textile et les accessoires. On peut également citer Label Bio de l’Union Européenne, qui vous garantit que votre achat est exempt de substances nocives et/ou cancérigènes et que la production respecte les critères de l’Organisation Internationale du Travail. La norme GOTS, mise en place par l’entreprise ECOCERT, vérifie le traitement des textiles fabriqués à partir de fibres organiques (hors cuir). Elle comporte de nombreuses exigences environnementales et l’absence de toxicité des produits sur les humains.

Point d’alerte : les géants du retail ont bien compris que les consommateurs s’intéressaient de plus en plus à ce sujet. Et comme l’industrie du tabac en son temps, ils ont inventé des techniques pour tenter de faire croire au consommateur qu’ils se sentaient réellement concernés par ces sujets. Vous l’avez compris, nous parlons de « greenwashing » soit les outils de communication pour nous faire croire que l’entreprise est dans une démarche de développement durable et de protection de l’environnement. Parmi ces techniques, on peut citer pêle-mêle : l’utilisation de la couleur verte pour faire croire au caractère « bio » de son produit/service, la présence de faux labels qui « légitiment » la marque sur ses pratiques (ex : « coton 100% naturel »…), l’utilisation du champ lexical de la nature, de l’innocence, de l’amour. La palme revenant à H&M avec son T-shirt « There is no planet B » (vous ne rêvez pas, ils ont osé). La bonne nouvelle ? H&M a été le premier détaillant à être poursuivi récemment pour ses allégations de marketing durable trompeur, avec une action collective déposée à New York. Plus proche de nous, au Royaume-Uni, l’autorité de la concurrence et des marchés enquête sur les allégations environnementales des marques de fast-fashion Asos, Boohoo et George at Asda, qui utilisent des slogans trompeurs tels que « responsable », « pour l’avenir » et « bon ». Les choses commencent ENFIN à bouger !

Pourquoi c’est cool la mode durable ?

La mode durable c’est plus que cool, c’est carrément indispensable. Le 28/07/2022 nous sommes arrivés au jour du dépassement, soit le jour où les ressources terrestres sont épuisées pour couvrir nos besoins d’une année entière. En clair, dès le 29/07, nous commençons à entamer notre crédit de 2023. On vous laisse digérer cette information, mais pour en revenir à notre sujet, la mode durable c’est plus qu’une tendance, c’est le futur en fait (si on veut avoir un futur).

Pour rappel, si le secteur de la mode génère 1 million d’emplois dans le monde, il reste l’une des industries les plus polluantes de la planète, avec une production mondiale annuelle de gaz à effet de serre équivalente à 2% (1,2 milliards de tonnes). Vous avez souffert de la canicule cet été ? Sachez que l’industrie de la mode consomme 4% de l’eau potable dans le monde pour produire nos vêtements. Au-delà de l’impact écologique, il y a également un impact humain à connaître. L’ampleur de la catastrophe du Rana Plaza, immeuble de confection textile au Bengladesh, est emblématique avec ses 138 travailleuses et travailleurs tués et 2000 blessés. Ce désastre a mis en lumière les conditions de travail déplorables des ouvriers des ateliers textiles travaillant pour des marques mondialement connues. Suite à cela, le Collectif Fashion Revolution a vu le jour. Sa fondatrice Carrie Somers souhaite réveiller les consciences individuelles des consommateurs et des fabricants en alertant sur les conditions de travail et de production de l’industrie textile. Récemment, l’ONG a invité les enseignes à afficher plus de transparence en apportant des réponses concrètes aux consommateurs sur l’origine exacte de production de leurs vêtements. Vous ne couperez plus vos étiquettes de la même façon désormais… #Whomademyclothes.

Pour résumer : toute la fast-fashion (Shein en tête, Zara, consorts et compagnie) ce n’est PAS de la mode durable. C’est bien d’ailleurs pour ça qu’on l’appelle fast-fashion (en opposition au « slow living » par exemple). Rassurez-vous, on a des options de remplacement.

En attendant, accrochez cette citation de Vivienne Westwood au-dessus de votre penderie : «Achetez moins, choisissez bien, faites en sorte que ça dure! ».

« La mode durable c’est cher ! »

On l’entend souvent. Alors, oui…mais non. Effectivement, quand on produit « local » (par exemple, en France, en ce qui nous concerne) ou à l’étranger (idéalement en Europe) mais en respectant un minimum le droit des travailleurs, avec des produits de qualité et en circuit court, ça se répercute forcément à un moment donné sur le prix de vente. Néanmoins, si on y réfléchit bien, entre racheter un top tous les 6 mois parce qu’il n’a malheureusement pas survécu à l’essorage de votre machine à laver versus conserver votre pièce pendant 10 ans parce qu’elle n’a pas bougé, en réalité le calcul est vite fait.

Voici déjà une 1ère sélection de marques réputées « durables », qui n’explosent (pas trop) le compteur de votre compte en banque :

  • Le Slip Français : devenue une entreprise à mission en 2020, cette marque qui produit des sous-vêtements ET des vêtements, a choisi de privilégier des matières premières locales dans le cadre de son processus de fabrication. Psst…on peut même faire customiser ses sous-vêtements avec un message personnalisé. Pour info, une newsletter interne répertorie les meilleurs messages brodés (ou les plus loufoques). A vous de jouer !
  • Autre entreprise à mission, Faguo ! Côté prix, les T-shirts et chemises vont de 35€ à 80€, les chaussures démarrent à 60€. Vous allez même pouvoir crâner dans les dîners en apprenant à vos ami(e)s que vos superbes sneakers sont composées à « 65% d’origine recyclée ». Et ouais ! 
  • Violaine Paris est encore plus innovante : la marque fabrique des vêtements féminins, à la demande, en France. Violaine Paris utilise des matières naturelles, recyclées, certifiées, ou issues de stocks dormants. C’est à la limite de pouvoir affirmer « Ca ? Oh, je l’ai faite faire par une petite marque confidentielle, à la demande… ». Ca en jette quand même.
  • Et un de nos chouchous : Loom! « Des vêtements conçus pour durer. Pas pour suivre la dernière mode. », avec un slogan pareil, vous pouvez foncer les yeux fermés. Loom a pour objectif de créer des vêtements avec une obsolescence déprogrammée (ça y est vous l’avez ?). En gros, vous achetez de la QUA-LI-TE, avec des matières nobles et des finitions qui durent dans le temps. Les productions sont raisonnées et les coupes assez basiques, pour vous permettre justement de faire en sorte que ces pièces soient indémodables. On dit oui ! Ah, et en plus Loom vous habille de pied en cap, sous-vêtements compris. What else ?

On pourrait vous en lister (beaucoup) d’autres, mais on va faire encore mieux que ça et vous rediriger sur ce lien, qui vous donne l’annuaire des marques éthiques à suivre. Et oui, on est comme ça chez Collection 40, quand on aime, on partage !

Néanmoins, nous n’avons pas tout(e)s les moyens de s’offrir une pièce neuve à prix coutant. Du coup, quelles options s’offrent à nous ?

Le vintage pardi !

S’il y a bien une pièce durable par excellence, ce sera celle-là. Qui dit vintage dit minimum 20 ans de survie en milieu hostile (comprendre : le placard de mamie Paulette qui sent la naphtaline, le camion Emmaüs, l’entrepôt de stockage des enchères…). Et elle est toujours là ! Elle a survécu à maintes péripéties (et lavages), et elle n’a PAS bougé ! Vous pouvez donc l’acheter les yeux fermés (pensez à l’essayer avant quand même), c’est un achat durable qui l’a prouvé par sa résilience. Le best-of étant que si vous vous en lassez au bout d’un moment, il y a fort à parier que vous pourrez la remettre sur le marché. A vous les friperies ! Côté prix, tout dépendra de votre capacité à chiner et à trouver la pièce de vos rêves dans votre budget.

La seconde-main

C’est un poncif certes, mais l’achat de seconde main reste également le modèle durable par essence. Effectivement, l’article a déjà été produit, les ressources naturelles utilisées, mais en l’achetant d’occasion, vous évitez de consommer de nouvelles matières premières. Tant qu’à faire, chinez une pièce issue des marques durables précitées, histoire de faire coup double ! Effet combo pour celles qui arrivent à shopper du vintage. Ici encore, vous devriez avoir l’embarras du choix et surtout n’hésitez pas à négocier 😉.

Les collections upcyclées

Pour les plus audacieuses, on se tournera vers les collections et marque d’upcycling. L’upcycling consiste à transformer des vêtements existants pour en créer de nouveaux. Cette tendance concerne aussi bien les bijoux que les vêtements ou les accessoires.

Bonus pour celles qui sont à l’aise en couture (ou qui auraient envie de se lancer), certaines marques proposent même des box DIY (comme RESAP par exemple). Mais rien ne vous empêche de vous inspirer de ce que vous avez vu sur leur site ou Pinterest pour vous lancer en customisant vos propres vêtements. Un certain nombre de chaînes Youtube présentent également des tutos filmés pour recycler ou upgrader ses propres vêtements.

Adopter le dressing minimaliste

En réalité, la seule vraie façon de consommer durable c’est surtout de ne pas consommer ou consommer moins. C’est dur, ça demande un vrai travail sur soi tellement nous sommes assommé(e)s régulièrement de publicités qui nous incitent à renouveler notre garde-robe. Toutefois, une solution pourrait consister à adopter un dressing épuré, constitué en majorité de bons basiques de qualité, issus de la mode durable, et à s’autoriser de temps à autre une petite folie, idéalement pas en fast-fashion. En réalité, adopter ce nouveau mode de consommation fait à la fois du bien au moral mais également à votre pouvoir d’achat ! Et avec la crise qui s’annonce, c’est peut-être pas plus mal finalement.

En conclusion…

Nous l’avons vu, il existe du choix en ce qui concerne la mode durable. La clé pour s’habiller éco-responsable à moindre coût serait peut-être d’investir dans des bons basiques neufs, dont vous êtes sûr(e) qu’ils ne se démoderont pas au bout de quelques saisons (la chemise blanche, la petite robe noire…). Réservez vos compulsions shopping pour des craquages sur des sites de seconde main ou en friperie par exemple (comme ça, vous restez dans un modèle écologique, gagnant-gagnant !).

Juliette-D'Arailh-autrice-du-blog-spécialiste-vêtements-d'ocassion-et-seconde-main

Un mot sur l’autrice :

Je m’appelle Juliette d’Arailh, j’ai 33 ans et je suis maman d’une petite Diane.

Après plus de 7 ans dans le conseil en gestion de projet, j’ai pris la décision de quitter mon emploi pour enfin vivre de ma passion : la mode et la seconde main. Une révélation ! 

J’ai donc lancé un projet de conciergerie, en partenariat avec Collection 40, pour accompagner les personnes dans une démarche éco-responsable vis-à-vis de leur consommation de vêtements.

Retrouvez moi sur Instagram (Le_dressing_circulaire) et n’hésitez pas à prendre rendez-vous pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour faire le tri dans votre dressing et shopper des pièces exclusives, toujours en seconde main !

Date : 6 septembre 2022

Crédit photo : Emeline Hamon